jeudi 19 mars 2009
Dans toutes les professions, la tendance actuelle est d'imposer aux gens des objectifs chiffrés. Il faut croire que dans l'esprit de beaucoup de décideurs, ce type de contrainte est propice à obtenir de chacun le meilleur rendement possible. Le problème, c'est que la réalisation de ces objectifs dépend souvent de paramètres que personne ne maîtrise. Dans le domaine de l'enseignement, il y a les enseignants et les apprenants. Les résultats dépendent pour une grande part des motivations, de l'attitude et des capacités de ces derniers, et ces facteurs sont peu enclins à changer sous prétexte d'un objectif chiffré. Mais surtout, on constate souvent de grandes variations d'une année à l'autre. Il arrive qu'une nouvelle promotion d'étudiants ait en début d'année un niveau complètement différent de celui de la promotion précédente.
En tant qu'enseignant, j'ai un objectif simple : s'il consent à fournir les efforts nécessaires, tout étudiant qui a au départ les aptitudes pour suivre mes enseignements doit réussir à acquérir et à valider les compétences que je suis chargé de lui transmettre. Mon travail consiste à faire de mon mieux pour atteindre ce résultat, et des objectifs chiffrés n'y changeraient rien. Est ce qu'un chirurgien réalisant une opération à cœur ouvert va faire preuve de plus de dextérité s'il a pour objectif de sauver 85% de ses malades? Peut on éviter tout risque opératoire en fixant cet objectif à 100% ? On ne peut pas remplacer le sens de l'effort et la conscience professionnelle par des objectifs chiffrés, et on ne peut pas non plus les mesurer de cette manière.

2 commentaires:

Bernard a dit…

Bonjour. Je ne suis pas un spécialiste mais j'ai une opinion. Bien entendu, les enseignants ne peuvent avoir aucune obligation de résultat mais seulement une obligation de moyen. Doit-on s'en tenir là ? C'est toute la question me semble-t-il car sans exiger un objectif chiffré, il ne me paraît pas illogique et outrageant de s'interroger lorsqu'un enseignant à régulièrement des pourcentages d'échecs élevés dans ses élèves. Il en serait de même si un médecin avait chaque année un nombre important de décès dans ses patients.
Je ne crois pas que l'on puisse parler de recherche de rentabilité (ce mot a pris un sens très péjoratif en France) dans l'enseignement mais d'efficacité et peut-être d'un certain contrôle.

Olivier Bailleux a dit…

Merci pour ce commentaire. Ça fait longtemps que je n'ai pas mis à jour ce blog car je travaille sur d'autres projets comme http://etudes.19etdemi.fr/.

Bien sûr, les enseignants ont besoin d'un feed-back, comme les plombiers, les médecins, les architectes... enfin comme tout le monde. A la fac, ce sont les étudiants qui assurent ce rôle. ce sont des adultes et lorsque quelque chose ne fonctionne pas correctement, ils réagissent et ils ont raison.