lundi 1 décembre 2008
Le terme faculté est souvent utilisé dans le langage courant pour désigner une composante d'université. Administrativement, les facultés sont souvent appelées UFR (pour unité de formation ou de recherche), ou UER (pour unité d'enseignement et de recherche). Ce mois ci, j'étais candidat à un siège qui s'était libéré au conseil de l'UFR sciences et techniques de l'université dans laquelle je travaille. J'ai été élu, ce qui j'espère me permettra de contribuer à la promotion et la mise en place en place d'outils et de pratiques pour faciliter la communication entre enseignants et étudiants

Enseignement


C'est la période où sont proposés les sujets de projets de synthèse en Master professionnel. Le projet de synthèse est un travail de plusieurs mois à réaliser en binômes, sous la responsabilité d'un ou plusieurs enseignants.
Cette année, j'avais proposé deux sujets. Le premier concerne la réalisation d'un logiciel pour automatiser la réalisation d'un emploi du temps. Cela n'a rien d'anecdotique. A l'échelle d'une faculté des sciences, la réalisation des emplois du temps est très complexe et doit prendre en compte un très grand nombre de contraintes. En outre, pour que l'application soit utilisable, il faut la doter d'une ergonomie exemplaire et qui tienne compte des habitudes de travail des utilisateurs.

Le deuxième sujet concerne le développement d'une plate forme de pédagogie participative, c'est à dire une application WEB qui devra faciliter les interactions entre étudiants et enseignants. Il s'agit d'un projet assez ambitieux, qui prévoit des fonctionnalités de gestion de documents, notamment d'exercices, de suivi individuel des étudiants, de feed-back (i.e., l'enseignant réalise des enquêtes ou sondage auprès de ses étudiants), avec une exigence particulière en matière d'ergonomie. Quatre étudiants ont choisi ce projet. nous ne partirons pas de zéro, mais d'une application existante de E-learning (encore à définir).

Indépendamment, je suis enseignant référent pour 16 étudiants de première année de licence. Mon rôle consiste à les suivre individuellement, pour les conseiller lorsqu'ils rencontrent des difficultés. J'ai fait le choix de réaliser ce suivit sous la forme de plusieurs entretiens individuels répartis sur l'année universitaire. Je déplore qu'une majorité des étudiants concernés ne se soient pas présentés aux rendez-vous d'entretiens. Je vais leur envoyer un courrier pour tenter de comprendre ce qui se passe.

Recherche

En matière de recherche, les missions sont multiples. L'une d'entre elles consiste à participer à l'évaluation des travaux des autres. Il faut comprendre qu'un chercheur ne peut publier ses résultats en revue scientifique ou en conférence qu'après approbation d'un comité de lecture. Chaque article soumis est évalué par deux ou (le plus souvent) trois chercheurs, si possible spécialistes du domaine concerné. Le mois dernier, j'avais soumis un article à un workshop international avec comité de lecture. Ce mois çi, je dois participer à l'évaluation d'un article soumis à ce même workshop par d'autres chercheurs. L'évaluation d'articles est une activité exigeante et plutôt chronovore...

Sinon, j'ai consacré l'essentiel de mon temps de recherche à programmer des algorithmes que j'avais conçu l'été dernier, et qui ont vocation à traduire des contraintes dites pseudo-Booléennes - servant elles-mêmes a spécifier des problèmes (comme par exemple la recherche d'un emplois du temps d'une faculté des sciences, où la planification du travail dans un centre d'appel) - à les traduire donc sous la forme d'expressions logiques simplifiées appelées clauses propositionnelles. Sous cette forme, les contraintes traduites permettent la résolution du problème initial à l'aide de logiciels appelés solveurs SAT. Il y a de nombreuses manières de traduire des contraintes pseudo-Booléennes sous formes de clauses, et celle que je viens d'implanter est complètement nouvelle. Elle possède certaines propriétés intéressantes, trop techniques pour que je me risque à les expliciter ici. Ce résultat est le fruit d'une collaboration avec deux autres chercheurs, Yacine de Paris, et Olivier, de Lens. L'étape suivante sera de réaliser des expérimentations pour comparer les performances de cette nouvelle technique de traduction avec celles des approches existantes.

Je vais d'ailleurs de ce pas mettre en place un Wiki, c'est à dire un site WEB pouvant être modifiés facilement par tous ses visiteurs (après avoir donné un mot de passe), qui permettra de faciliter un travail collaboratif sur ce sujet.
vendredi 31 octobre 2008

Après les rentrées, examens, soutenances et jurys de septembre, les activités d'enseignement et de recherche reprennent un rythme de croisière.

Enseignement

Au premier semestre, j'interviens principalement en Master 2 Base de données et intelligence artificielle (BD-IA) et en Master 2 Image et intelligence artificielle (Image-IA). J'enseigne la programmation par contraintes. Il s'agit d'un ensemble de concepts, de principes, de techniques, et l'algorithmes (on parle de paradigme) permettant d'une part la modélisation, et d'autre part la résolution de problèmes d'intérêt industriel, stratégique, ou scientifique, notamment.

Cette année, j'ai adopté une stratégie pédagogique innovante qui laisse une grande part d'autonomie aux étudiants et les incite à fournir un travail personnel continu (et pas seulement au cours de la semaine précédent l'examen...). L'enseignement est articulé autour d'une grille de compétences fournie dès la rentrée aux étudiants, et qui fait office de barème d'évaluation de l'examen final. Des supports de cours détaillés sont donnés à l'avance. Les étudiants doivent s'approprier intellectuellement leurs contenus, et préparer des questions qui devront être soumises à l'enseignant avant la séance de cours. Celui-ci profitera de chaque séance pour donner des explications ciblées sur les points qui ont posés problème et, en questionnant les étudiants, vérifiera leurs acquis. Il traitera également des exercices types en mettant en évidence la démarche intellectuelle permettant de les résoudre. Les sujets de travaux dirigés sont également donnés à l'avance, et les étudiants sont systématiquement interrogés pendant les séances correspondantes.

la mise en place de cette pratique, que j'appelle pédagogie participative, a nécessité de rédiger un nouveau support de cours, ainsi des des sujets de TD. C'est un gros investissement en temps de travail, mais j'espère que ce sera au bénéfice des étudiants.

Recherche

J'ai d'une part mis à jour une bibliothèque Java nommée BoolVar, dédiée à la traduction de contraintes. Cette contribution open-source a pour vocation de permettre la modélisation de problèmes exprimés à l'aide de contrainte, et leur traduction sous une forme rudimentaire (formule CNF ou pseudo Booléenne) pouvant être traitée par de nombreux solveurs résultant de décennies de recherches communautaires, et en constante évolution. L'idée est donc de faciliter la résolution indirecte (i.e., via traduction) de problèmes spécifiés à l'aide de contraintes.

D'autre part, j'ai rédigé un article scientifique sur la version actuelle de BoolVar. Cet article de 15 pages comprend une description de cette bibliothèque et de ses fonctionnalités, incluant les algorithmes de codage, ainsi qu'un exemple d'application qui consiste en 16 variantes de codage du problème des règles de Golomb sous forme CNF (i.e., une formule de logique propositionnelle sous forme normale conjonctive). Ce papier vient d'être soumis à publication dans les proceedings d'un Workshop international. C'est loin d'être gagné car les publications centrées sur un outil, plus qu'une innovation scientifique, sont toujours difficiles à placer. C'est d'ailleurs dommage car à mon sens la programmation d'un logiciel d'aide à l'expérimentation est une contribution à part entière. Et surtout, je n'ai pas accès aux services d'un ingénieur qui pourrait me décharger de ce travail indispensable.