jeudi 19 mars 2009
Dans toutes les professions, la tendance actuelle est d'imposer aux gens des objectifs chiffrés. Il faut croire que dans l'esprit de beaucoup de décideurs, ce type de contrainte est propice à obtenir de chacun le meilleur rendement possible. Le problème, c'est que la réalisation de ces objectifs dépend souvent de paramètres que personne ne maîtrise. Dans le domaine de l'enseignement, il y a les enseignants et les apprenants. Les résultats dépendent pour une grande part des motivations, de l'attitude et des capacités de ces derniers, et ces facteurs sont peu enclins à changer sous prétexte d'un objectif chiffré. Mais surtout, on constate souvent de grandes variations d'une année à l'autre. Il arrive qu'une nouvelle promotion d'étudiants ait en début d'année un niveau complètement différent de celui de la promotion précédente.
En tant qu'enseignant, j'ai un objectif simple : s'il consent à fournir les efforts nécessaires, tout étudiant qui a au départ les aptitudes pour suivre mes enseignements doit réussir à acquérir et à valider les compétences que je suis chargé de lui transmettre. Mon travail consiste à faire de mon mieux pour atteindre ce résultat, et des objectifs chiffrés n'y changeraient rien. Est ce qu'un chirurgien réalisant une opération à cœur ouvert va faire preuve de plus de dextérité s'il a pour objectif de sauver 85% de ses malades? Peut on éviter tout risque opératoire en fixant cet objectif à 100% ? On ne peut pas remplacer le sens de l'effort et la conscience professionnelle par des objectifs chiffrés, et on ne peut pas non plus les mesurer de cette manière.
dimanche 1 mars 2009
J'ai consacré l'essentiel de mon temps de recherche de ces dernières semaines à la rédaction d'un papier en collaboration avec deux autres chercheurs. Chacun des auteurs travaille dans une université différente et la collaboration c'est faite essentiellement à l'aide de deux outils : un gestionnaire de version et le courrier électronique.

Le gestionnaire de version héberge le document en cours de fabrication dans un dépôt accessible via Internet. Avant toute modification, un rédacteur met à jour sa copie locale du document à l'aide d'une commande update. Une fois la modification faite, il met à jour le dépôt à l'aide d'une commande commit. Si un conflit apparait du fait de deux interventions concomitantes, il est détecté et doit être résolu manuellement. Pour faciliter cette démarche, les parties modifiées par chaque rédacteurs sont clairement indiquées. C'est rudimentaire, et plutôt efficace pour le développement de logiciels, parce qu'il est rare que plusieurs programeurs travaillent simultanément sur un même fichier source. C'est moins adapté à la rédaction d'un document. Il existe des systèmes d'édition collaborative d'utilisation plus simple et plus efficaces, mais qui en revanche se prètent mal à l'édition scientifique.

Par ailleurs, l'utilisation du email comme canal de discussion n'est pas non plus optimale. Des centaines de messages s'entassent dans les boîtes aux lettres électroniques et il est difficile d'y retrouver les informations utiles. On pourrait gagner en rapidité et en confort avec des outils plus adaptés, mais on est déjà pas loin d'être aussi efficace en travaillant à distance que si tous les intervenants étaient dans la même pièce.

Imaginez des chercheurs travaillant chez eux, qui à la montagne, qui à la ferme, qui en bord de mer, partout dans le monde, animés par une même passion et s'acharnant ensemble à résoudre un problème ouvert, aux frontières de la connaissance. C'est maintenant dans le domaine du possible.